Les violences gynécologiques et obstétricales (3/6) : la contraception


violences gynécologiques

La pilule est le premier moyen de contraception en France : c’est celui de plus de la moitié des femmes 1. Or, peu de pays sont dans notre cas de figure. Le stérilet lui est généralement préféré. Pourtant, la manière dont la pilule est délivrée entrave la liberté des femmes.

Tout d’abord, elle est en grande majorité délivrée par des gynécologues ; il faudrait savoir que médecins généralistes et sages-femmes sont tout aussi qualifiés pour la prescrire ! Mais par manque d’information, les femmes pensent que la contraception est nécessairement liée au gynécologue. Or les gynécologues abusent souvent de leur position : si la patiente refuse le frottis, ou la palpation mammaire, il leur refusent parfois purement et simplement la pilule 2. Apprises à l’école de médecine, ces pratiques pourtant totalement dispensable n’ont aucunement lieu d’entraîner un refus de prescription de pilule. Imaginez-vous chez le généraliste : « vous avez de l’asthme ? Bon, je voudrais d’abord savoir comment va votre prostate. Mettez-vous nu pour un toucher rectal. Comment ça non ? Même à 20 ans on ne sait jamais. Et si vous refusez, je ne vous prescrit pas de Ventoline moi. » On marcherait sur la tête ! Et c’est pourtant bien ce qu’il se passe…

Certains disent que ce n’est pas grave, un petit frottis après tout c’est vite passé. Sauf que pour les plus pratiques, il y a un argument économique : pourquoi prescrire à toutes les femmes des examens inutiles à une telle fréquence ? Pour les libéraux, il y a un argument de droit du corps : chacun a le droit de dire non quant à un examen non désiré, à fortiori si on nous demande d’être nues pour le pratiquer. On ne demande pas un traitement contre le cancer sans savoir si on en est atteintes ! On demande seulement un contraceptif. Enfin pour les plus terre-à-terre, il faut savoir que ces examens sont souvent gênants, voire douloureux. Tout d’abord, le gynécologue demande à sa patiente d’être entièrement nue, ce qui est très français : dans les autres pays, les femmes n’enlèvent que les vêtements nécessaires. Comme on ne peut pas subir une palpation mammaire ET un frottis en même temps, nul besoin d’enlever le haut et le bas ensemble n’est-ce pas ? Or nue, on se sent plus vulnérable, on ose moins protester. Par exemple lors d’un frottis, le médecin insère dans le vagin un spéculum (une sorte de bec de canard qu’on peut ouvrir pour élargir le trou), l’écarte, puis prélève un peu des muqueuses au niveau du col de l’utérus. Plein de choses peuvent faire mal : le spéculum peut être trop gros (eh oui, on n’utilise pas le même pour une femme qui a déjà eu des enfants que pour une jeune fille qui vient d’avoir son premier rapport), si on ne fait pas attention il peut pincer la peau, le prélèvement peut être douloureux quand il est fait trop brutalement, certains médecins referment à peine le spéculum pour le sortir,… Bref, que des bonnes raisons de ne pas vouloir faire ça trop souvent.

Pourquoi ne pas dire au praticien qu’il nous blesse ? Mais parce qu’ils ne l’acceptent pas 3 ! La douleur chez les femmes est quelque chose de fondamentalement ancré dans notre société : douleur lors des règles, douleur au premier rapport, douleur pendant la grossesse, douleur pendant et après l’accouchement,… Alors un spéculum trop grand, vous pensez. « Un examen médical, ce n’est pas fait pour donner du plaisir Madame », merci de la précision.

Alors certaines femmes préfèrent le stérilet : il ne nécessite pas d’aller chez la gynéco tous les ans pour renouveler l’ordonnance (et encore, certains ne prescrivent la pilule que pour 3 ou 6 mois), il n’y a pas de problème d’oubli, on est tranquilles pour des années. Enfin tranquilles,… Déjà, pour avoir un stérilet, il faut un médecin qui nous le pose. Et beaucoup le refusent pour les femmes qui n’ont jamais eu d’enfants (on appelle ces femmes des nullipares). OR, CE REFUS N’A PAS LIEU D’ÊTRE ! Il n’y a aucune contrindication au stérilet chez les nullipares : il faut juste un stérilet plus petit. Mais il est malheureusement compliqué de trouver un gynécologue qui acceptera de le faire. Ensuite, il y a la pose à proprement parler. En France, on utilise ce qu’on appelle une pince Pozzi : ça ressemble à des petits ciseaux recourbés, au bout pointu. Les gynécologues l’utilisent pour attraper le col de l’utérus pour insérer le stérilet. Or, cet instrument n’est absolument pas nécessaire ; non seulement on peut utiliser une pince plate (comme une pince Pozzi, mais avec un bout plat), mais en plus il est même possible de ne rien utiliser du tout 4. Encore une fois, ce sont des pratiques anciennes qui ont été apprises à l’école de médecine, et les médecins manquent cruellement d’une remise à niveau continue de leurs connaissances et compétences.

Pour éviter toutes ces déboires, le site https://gynandco.wordpress.com/ donne une liste de gynécologues et sages-femmes à l’écoute et aux pratiques douces. Certains posent une petite couverture sur votre corps par respect de votre pudeur lors de l’examen, d’autres vous permettent de prendre une autre position que la « position gynécologique » si elle vous semble humiliante/désagréable, il est précisé s’ils acceptent de poser un stérilet aux nullipares, s’ils ne sont pas discriminants envers les grosses, s’ils vous permettent d’effectuer vous-mêmes vos prélèvements, etc.

Si vous n’êtes pas satisfaite de votre gynécologue, je vous encourage vivement à chercher sur ce site quelqu’un qui pourrait mieux vous convenir (s’il vous est possible de trouver un praticien à une distance raisonnable de chez vous). Car un gynécologue chez lequel on ne va pas par peur, ou qui n’est pas à l’écoute et prescrit un moyen de contraception qui ne nous convient pas, peut mener à des situations stressantes et difficiles.