Les violences gynécologiques et obstétricales (2/6) : premier rendez-vous


violences gynécologiques

Le premier rendez-vous chez un gynécologue est toujours un peu particulier. Certaines sont terrifiées et repoussent la date, d’autres le voient comme un symbole de féminité. Certaines sont forcées par leur mère, d’autres y vont en cachette. Certaines y vont pour des règles très douloureuses, d’autres pour un premier rapport. Cette première confrontation à un gynécologue est parfois un très mauvais souvenir, et engendre chez certaines une phobie. Confrontés à une jeune patiente, les gynécologues sont souvent effroyablement maladroits.

Certains questionnent intimement la patiente : de quand date le premier rapport sexuel, est-ce qu’il y a une relation stable, est-ce qu’on a plusieurs partenaires,… Aucune de ces question n’est nécessaire ! Un gynécologue n’a pas besoin de ces informations pour délivrer un contraceptif. Il s’agit de la vie privée de la patiente, ces questions sont au mieux déplacées, au pire dérangeantes. Notre gynécologue n’est pas une copine à laquelle on veut raconter notre dernier coup, mais un médecin, qui se doit d’être à l’écoute sans être intrusif : la demande de contraception ne s’agit pas d’une maladie dont on souhaiterait guérir ! La manière dont on mène notre vie sexuelle ne le regarde donc pas. Surtout que pour une adolescente, ces choses-là sont souvent nouvelles, elle en est d’autant plus pudique. Une jeune fille dérangé par ces questions sera réticente envers les gynécologues à l’avenir.

Certains menacent de rapporter aux parents une jeune fille qui n’est plus vierge, et mettent parfois leur menace à exécution 1. Cela est clairement illégal : l’article L1110-4 du Code de la Santé Publique 2 stipule que « Toute personne prise en charge par un professionnel, un établissement, un réseau de santé […] a droit au respect de sa vie privée et du secret des informations la concernant » et l’article L1111-5 du Code de la Santé Publique 3 précise que « le médecin peut se dispenser d’obtenir le consentement du ou des titulaires de l’autorité parentale sur […] une personne mineure, dans le cas où cette dernière s’oppose expressément à la consultation du ou des titulaires de l’autorité parentale afin de garder le secret sur son état de santé. » Il est donc inacceptable qu’un praticien se permette d’utiliser la vie privé de sa patiente comme moyen de pression quelconque, ou même qu’il se permette de la révéler tout court. D’autant plus s’il leur a été expressément stipulé un refus.

Certains refusent de délivrer un moyen de contraception à une adolescente qui est « trop jeune pour une relation stable ». Ou qui ne veut pas qu’on lui fasse de palpation mammaire. Ou qui ne veut pas qu’on lui fasse de frottis. Or là encore, il faut remettre les pendules à l’heure : aucune de ces demandes n’est valable ! Quelle que soit votre vie sexuelle, nul n’a le droit de décréter si vous avez ou non droit à tel ou tel moyen de contraception. Autre chose qu’il est indispensable de savoir, et sur lequel on nous ment quasi systématiquement : le frottis n’est pas nécessaire pour prendre la pilule. Les recommandations du NHS (et les britanniques sont connus pour être assez critiques sur la santé) sont de un dépistage tous les 3 ans à partir de 25 ans. Il n’est pas précisé qu’un premier rapport sexuel, ou un début de prise de pilule, nécessite un frottis. Quant à la palpation mammaire, on frise le ridicule, pour ne pas dire qu’on est en plein scandale. Infliger cela à des jeunes filles est complètement inutile, et peut même fortement les gêner sans qu’il y ait la moindre once d’utilité à cet acte.

Après ce premier rendez-vous, qui parfois donne envie de ne plus retourner chez un gynécologue, il va pourtant falloir y aller une fois par an. Pourquoi ?