Les violences gynécologiques et obstétricales (1/6) : introduction


violences gynécologiques

« Les femmes, c’est comme les juments, celles qui ont de grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais c’est celles qui mettent bas le plus facilement. » Voilà ce qu’on pouvait lire sur une diapositive du CNGOF (le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français), lors de leurs 42e Journées 1. Pourtant habitué des sorties déplacées, le président du CNGOF Israël Nisand s’est excusé auprès des personne qui auraient pu être choquées.

La gynécologie et l’obstétrique sont des branches de la médecine spécialisées sur l’appareil reproducteur féminin, la grossesse et l’accouchement. Pourtant, les femmes ne vont pas voir ces médecins comme elles iraient voir un généraliste : certaines ont de l’appréhension avant, beaucoup se sentent mal à l’aise pendant, et nombreuses sont celles qui en sortent dépitées, ou pire. Alors que ces spécialités devraient être à l’écoute du ressenti des femmes, et chercher à les soulager, les soins sont souvent prodigués de manière automatique, sans se soucier de la femme et de son histoire. Au fil de cet article, nous verrons pourquoi l’on parle de « violences gynécologiques ».

Tout d’abord, une petite définition s’impose : « Les violences gynécologiques et obstétricales désignent tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le personnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente ou lors du suivi gynécologique » 2 3. Cette définition est très complète, et chaque terme est nécessaire :

-Comportement : il s’agit de la manière d’être du praticien. Cela peut être des remarques sur le physique de ses patientes (ouh le petit bedon, il va falloir faire attention Madame), des gestes déplacés (une caresse sur un genou, un doigt qui s’attarde dans un vagin), des demandes incongrues (vouloir palper les seins pour une simple demande de pilule), de l’énervement (quoi aïe ? Vous venez pas ici pour le plaisir Madame, c’est tout aussi désagréable pour moi),… Nous en verrons une foule d’exemple par la suite.

-Acte : s’il y a bien une chose à savoir, c’est que « Aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout moment. » Il s’agit de l’article L1111-4 du Code de la Santé Publique 4. Aucun médecin n’a le droit de déclencher un accouchement sans le consentement de la patiente, aucun étudiant n’a le droit d’ausculter une femme endormie sans son consentement préalable. Et il ont le devoir d’expliquer ce qu’ils vont nous faire (AVANT de le faire), les traitement qu’ils nous prescrivent (SANS obligation de le suivre) jusqu’à ce qu’on comprenne pourquoi, et sans qu’aucune pression ne soit mise sur nous.

-Omission ou abstention : cela peut être le manque d’information, le refus de certains actes (comme poser un stérilet à une femme qui n’a jamais eu d’enfants), mais aussi la négation du ressenti de la patiente.

-Pas justifié médicalement : on parlera dans la suite de cet article du célèbre « point du mari » par exemple, mais aussi de tout une série d’actes perpétrés pendant l’accouchement qui ne sont justifiés que par l’habitude, et non par la nécessité.

Je propose, dans chaque section suivante, de parler d’un moment (possible) de la vie d’une femme. N’hésitez pas à ne regarder que celles qui vous intéressent, les sections seront indépendantes.